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dimanche 10 juillet 2011

L'histoire de Victoria

Victoire et décadence

La plus connue des Victoria demeure la 350 Bergmeister animée par un V-twin et une transmission par arbre et cardan . Ici un modèle de 1955 restauré par Moto village . ( Photo Didier Ganneau ) Dans un article consacré à l'ex-Allemagne de l'Est ( Moto Journal N° 938 ), nous avions déjà parlé de l'histoire mouvementée du couple EMW-BMW ; C'est l'exemple le plus frappant des déchirements que connut l'histoire motocycliste germanique . Mais il est loin d'être unique en son genre . La génèse de Victoria est un condensé de l'histoire Allemande de la moto . Tous les plus grands noms de marques et d'ingénieurs s'y retrouvent .

Créée à Nuremberg en 1886 , la firme Victoria est l'un des constructeurs Allemands les plus anciens . Max Ottenstein et Max Frankenburger en furent à l'origine . Cette entreprise débuta , comme beaucoup de ses consoeurs , en fabriquant des cycles . En 1899 , elle se lance dans la fabrication de motos en montant des moteurs Zedel , FN , Minerva et Fafnir dans des cadres de sa propre fabrication . Après le premier conflit mondial , Victoria change de partenaire et monte des moteurs BMW dans ses cadres , ce sont les motos KR2 et KR3 produites entre 1923 et 1927 , équipées d'un moteur de 496 cm3 qui développait 12 chevaux à 3500 tours . Pour que le travail sur le flat-twin soit encore plus parfait , Martin Stolle , ingénieur chez BMW , passe chez Victoria . La firme de Nuremberg fit La 4,5 PS de 1904 témoigne de l'époque où Victoria ne fabriquait encore que des partie-cycles . Son moteur est probablement un Fafnir à admission culbutée et échappement latéral . ( Photo Didier Ganneau ) évoluer ce moteur BMW dans ses propres ateliers en une version 600 cm3 . Ce flat-twin , placé dans le sens de la route , fut surnommé " le maître des montagnes ", Bergmeister dans la langue de Goethe . Nombre de compétitions remportées par cette machine ne trahiront pas ce nom . En équipant ses motos de compresseurs , Victoria connut d'ailleurs d'importants succès en compétition . Un marché qui compte pour les constructeurs est celui des véhicules militaires . Et là aussi les motos Victoria ne trahirent pas leur réputation de solidité . la Bergmeister fut acquise par l'armée Allemande , de même que la KR 35 produite vers la fin des années 30 . Cette moto était un deux-temps mono-cylindre de 342 cm3 développant 20 chevaux à 5000 tours et il était conçu sur la base d'un bloc moteur Horex-Colombus . Après la guerre , Victoria redémarre en produisant des moteurs auxiliaires de 38 cm3 pour vélos . C'est avec ce type de petit moteur qu'une autre firme Allemande est devenue célèbre . DKW , l'ancêtre de MZ , fabriqua en 1921 un tel moteur auxiliaire de 2,5 chevaux . En plus de sa fiabilité , de son coût peu onéreux et de ses qualités mécaniques , ce petit DKW sut sentimentalement s'attacher plus que les coeurs de ses propriétaires . En effet , on devait fixer ce moteur sur le porte-bagages de son vélo , juste derrière la selle , et une fois mis en marche , il aidait ainsi à pallier les faiblesses des jambes humaines . Ayant une petite tendance à chauffer , il devint vite célèbre sous le nom de " chauffe-fesses ". Un moteur qui chauffa les fesses de tout un peuple , car en trois ans , il s'en vendit plus de 30 000 exemplaires . Chiffre énorme pour l'époque . Mais La 500 KR1 de 1921 utilise un flat-twin BMW disposé dans le sens de la marche comme sur les premières machines de la firme bavaroise . ( Photo Didier Ganneau ) revenons à Victoria . En 1948 , la production de motos reprend . D'abord avec des deux-temps . De vieux modèles d'avant-guerre sont remis sur les tables à dessins , puis sont refabriqués . Même si les motos sont au début en retard par rapport à la concurrence , le nom de Victoria reste synonyme de robustesse . En 1953 , les quatre-temps reviennent à la charge . Et la Bergmeister ressort des tiroirs , mais cette fois le bicylindre est placé en V et non plus à plat comme avant-guerre . L'ingénieur maison Norbert Riedel ( un nom à retenir , car il fut l'un des plus grands ingénieurs Allemands dans le domaine motocycliste ), n'avait peur d'aucune innovation et adopta sur cette machine une transmission par cardan , une fourche télescopique et une suspension arrière coulissante . Le moteur lui était culbuté et la transmission se faisait par arbre . Norbert Riedel travailla avant la guerre dans une autre firme motocycliste , également implantée à Nuremberg : la société Ardie . De 1949 à 1952 , Riedel essaya de voler de ses propres ailes et à Immenstadt-im-Allgäu , en Bavière , il tenta pendant quelques années de produire ses propres machines . Il n'y réussit pas et passa chez Victoria . Mais ses infructueux essais démontrèrent néanmoins ses extraordinaires qualités d'ingénieur , bien en avance sur son temps .

Une famille d'abeilles

Norbert Riedel un des plus grands ingénieur moto Allemand , avait conçu l'Imme avant d'aller chez Victoria en 1953 . Ce vélomoteur était très en avance sur son temps : suspension avant monobras , suspension arrière de type Cantilever , pot d'échappement faisant bras oscillant , boite trois vitesses à commande au guidon ... Ce merveilleux fou pensant avait produit en 1950 une machine révolutionnaire , l'Imme R 100 , un vélomoteur léger sur lequel il avait adapté toutes ses idées créatives : suspension avant monobras , suspension arrière de type cantilever , pot d'échappement faisant bras oscillant , boîte de trois vitesses à commande au guidon ... L'Imme pouvait ainsi monter des pentes de 20 % . Au fait , que signifie Imme en allemand ? Abeille . Travailleuse et dure à la tâche comme ... la Vespa , qui en Italien est synonyme du même insecte . 12000 exemplaires de l'Imme furent produits . Victoria fut longtemps synonyme d'innovations techniques . Pour une moto de 200 cm3 dénommée la Swing , Victoria et son ingénieux ingénieur Norbert Riedel avaient mis au point une boîte de vitesses commandée par un sélecteur électrique . En 1955 , la firme sort un scooter monoplace aux performances certes modestes , mais l'engin est robuste , efficace et peu onéreux . Dans la même ligne que l'Imme . Trois adjectifs d'ailleurs aussi applicables pour l'ensemble de la production Victoria . Ce scooter , le Nicky , ne dépasse pas 55 km/h , mais grimpe des pentes de 20 % , pèse seulement 60 kilos et ne consomme que 1,5 litre aux 100 km . Mais il est déjà trop tard , la crise européenne de la moto sonne le glas des projets motocyclistes même les plus ingénieux . En 1958 , les constructeurs motos Allemands sont obligés de conjuguer leurs forces . Comme dans le domaine de l'automobile , où l'alliance de plusieurs marques donna naissance à Auto Union , Victoria se regroupe avec DKW et Express pour former la Zweirad Union , l'union du deux-roues . Seules les petites cylindrées sont maintenues et produites sous le nom de Victoria . Mais en 1966 , Zweirad Union disparaît à son tour . La fin d'une époque .

En 1923 , Martin Stolle quitte BMW et réalise cette évolution de son flat-twin pour la Victoria KR2 . ( Photo Didier Ganneau )
En 1923 , Martin Stolle quitte BMW et réalise cette évolution de son flat-twin pour la Victoria KR2 . ( Photo Didier Ganneau )
La 500 KR 50S de 1931 utilise un mono Sturmey-Archer . ( Photo Didier Ganneau )
La 500 KR 50S de 1931 utilise un mono Sturmey-Archer . ( Photo Didier Ganneau )
Martin Stolle , passé chez Victoria , fit évoluer la base de flat-twin jusqu'à cette version 600 cm3 .
Loupé technique et commercial , la 500 KR9 de 1937 est un twin semi-culbuté avec admission par soupapes latérales et l'échappement culbuté . ( Photo Didier Ganneau )
Informations tirées de Moto Journal . Par Philippe Bovet . Photos Philippe Bovet , Didier Ganneau et Alain Nicolas .
source : appel de phare .com

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